Rimbault (Olivier), L’Avenir des langues anciennes. Repenser les humanités classiques, suivi de Poésies néolatines pour le XXIe siècle (2004-2011), préface de Joël Thomas, Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan [Coll. Etudes], 2011 (€ 18. - ).
ISBN : 978-2-35412-137-2
His recentibus annis, novi libri a duobus Germanis academicis publicati laetiores fecerunt eos qui vivam Latinitatem colunt : loquor de Valafridi [Wilfried] Stroh atque Georgii [Jürgen] Leonhardt operibus (cf. bibliographia infra). Nam uterque librum doctissimum suum concludit vehementer adserens activum vel vivum modum Latinae linguae discendae. Tamen historia ipsius sermonis ac litterarum ad tale praeconium non satis est ut viva Latinitas hodie sit minori despectui vel oblivioni. Etenim contrarium per eandem scientiam argui licet : in suo historico nec minus claro opere, Francisca [Françoise] Waquet Francogalla aetates quibus Latine loqui liceret ac deceret jam omnino praeteritas esse affirmat neque eandem huius rei paenitet.
Haec est prima causa cur ipse scripsi hanc academicam et rationalem declamationem (vulgo ‘essai’) ut praecipue per philosophicas et psychologicas rationes explicaretur cur quidam homines ad usum redivivum antiquarum linguarum tempore nostro ducerentur. In hoc incepto maxime nixus sum in quodam libro cuius argumentatio et conclusio contrariae sunt meis : de duorum hellenistarum Petri [Pierre] Judet de La Combe et Henrici [Heinz] Wismann opere dico c. t. L'Avenir des langues idemque anno 2004 publicatus est. Nam doctissime demonstrare voluerunt linguas antiquas quasi sermones mortuos docendas esse ut conscientiae historicae et criticae futurorum civium expergiscerentur.
Hoc est igitur responsum meum ac defensio post multa experimenta cogitationesque longas. Qui sermonem Gallicum sciunt hoc libro fortasse delectabuntur etsi non omnes argumentationes meas sequentur. Id ipsum non peto : non enim sit prudens nec cogitationibus meis congruens omnes homines persuadere velle. Nihilominus hic liber laudes nonnullorum academicorum qui litteras Latinas docent vel docuerunt in studiorum universitate jam meruit. Etiam duae recensiones criticae (et Francogallice scriptae) quarum auctores non omnino mecum consentiunt in Tela Totius Terrae a lectore legendi cupidiore inveniri possunt (cf. earum nexus infra). Et laus et censura me beatum aeque faciunt quoniam haec jam vetus disceptatio quae aevo Renascentiae exorta est (utrum Latinum sit viva an mortua lingua) quoddam hodiernum colloquium est quod suo cuiusque conatu ac voluntate convivium fieri liceat !
Bibliographia :
- Stroh (W.), Latein ist tot, es lebe Latein, Berlin, List Verlag, 2007 - editio Francogallica : Le latin est mort, vive le latin ! Petite histoire d’une grande langue, trad. fr. S. Bluntz, Paris, Les Belles Lettres, 2008.
- Leonhardt (J.), Latein – Geschichte einer Weltsprache, München, Verlag C. H. Beck, 2009 – editio Francogallica : La grande histoire du latin. Des origines à nos jours, trad. fr. B. Vacher, Paris, CNRS Editions, 2010.
- Waquet (F.), Le latin ou l'empire d'un signe, XVIe-XXe siècle. Paris, Albin Michel, 1998, 1999, 2003 – editio Anglica : Latin or the Empire of a Sign. From the Sixteenth to the Twentieth Centuries. London, New York, Verso, 2001, 2002 ; Italica : Latino. L'impero di un segno (XVI-XX secolo). Milano, Feltrinelli, 2004 ; Sinensis : Owl Publishing House, 2007.
- Judet de La Combe (P.) et Wismann (H.), L’Avenir des langues, Repenser les Humanités, Paris, Le Cerf, 2004.
Ces dernières années, de nouveaux livres publiés par deux universitaires allemands ont rendu heureux ceux qui cultivent le "latin vivant" : je veux parler des ouvrages de Wilfried Stroh et de Jürgen Leonhardt (cf. la bibliographie ci-dessus). Chacun des deux auteurs conclut son livre extrêmement documenté en défendant vigoureusement la méthode "active" ou vivante" pour apprendre le latin. Cependant l'histoire de la langue elle-même et de sa littérature ne suffit pas pour plaider cette cause et pour que le "latin vivant" soit aujourd'hui l'objet de moins de mépris ou d'oubli. On peut au moyen de la même discipline scientifique démontrer le contraire : dans son ouvrage historique et non moins fameux, la Française Françoise Waquet affirme que les temps durant lesquels il était permis et même recommandé de savoir parler latin sont totalement dépassés, et elle n'en éprouve aucun regret.
Telle est la première raison pour laquelle j'ai moi-même écrit un essai de caractère académique pour expliquer essentiellement au moyen d'arguments philosophiques et psychologiques pourquoi des hommes à notre époque sont conduits à ressusciter l'usage des langues de l'Antiquité. Dans cette entreprise, je me suis beaucoup appuyé sur un livre dont l'argumentation et la conclusion étaient toutes contraires aux miennes : je veux parler de L'Avenir des langues, publié en 2004 par les hellénistes Pierre Judet de La Combe et Heinz Wismann. Ils ont en effet voulu démontrer très savamment que les langues anciennes devaient être enseignées comme des langues mortes afin que la conscience historique et critique des futurs citoyens fût éveillée.
Ce livre est donc ma réponse et mon plaidoyer. Mon but n’était pas de convaincre tout le monde (c’eût été naïf et contraire à ma compréhension des choses), mais il était de susciter le débat, comme au « bon vieux temps » de la Renaissance, de nous sortir de certaines hégémonies intellectuelles - en invitant dans le débat les théories de l'imaginaire, en particulier l'oeuvre de Carl Gustav Jung et celle de Gilbert Durand, mais aussi la science plus récente de la psychologie cognitive, qu'on oublie trop souvent au profit de la philosophie quand on traite de l'enseignement. L'ouvrage a reçu les éloges de divers professeurs de lettres classiques français et étrangers. Parmi les universitaires français, citons les latinistes Joël Thomas (Perpignan), qui l’a préfacé, Claude Fiévet (Pau), Jean-Pierre Mazières (Toulouse), Jean-Noël Michaud (Montpellier), qui en a fait le compte-rendu dans Vita Latina (n°185-186, 2012, p. 310-311). Mais le lecteur intéressé trouvera aussi sur la toile des recensions critiques dont les auteurs n'adhèrent pas à toutes mes idées (cf. les liens ci-dessous).
On trouvera sur ce site :
= > La préface de Joël Thomas [Fichier PDF]
= > « De vivo antiquarum linguarum usu apud « academicos » hodiernos (sive de argumento libri c.t. L’Avenir des langues anciennes i.e. De futura linguarum antiquarum doctrina et cultu) » : article en latin sur l'argumentaire du livre, paru dans Vox Latina, Tomus 48, 2012, Fasc. 188, p. 278-289.
= > La couverture complète du livre (recto-verso) : Rosso Fiorentino (dit), (1494-1541), Le Défi des Piérides, (C) RMN. [Fichier PDF]
= > Le site des Presses Universitaires de Perpignan (PUP), où le livre peut-être commandé, comme chez n'importe quel libraire) : http://pup.univ-perp.fr/
= > On peut le commander aussi sur Amazon : http://amazon.fr/dp/2354121377
On trouvera sur la toile :
= > La recension, par Solange Chavel, de l'ouvrage de la philosophe américaine Martha Nussbaum, spécialiste des questions d'éducation (formée elle-même aux humanités classiques), Not for Profit. Why Democracy Needs the Humanities, article paru dans l'excellent site web La Vie des Idées : http://laviedesidees.fr/+-humanites-+.html
On en trouvera ici même le fichier PDF [cliquer].
L'ouvrage a été traduit depuis en français, par l'auteur de cette recension : Nussbaum (M.), Les Emotions démocratiques. Comment former le citoyen du XXIe siècle ?, Paris, Climats (Flammarion), 2011. Les théories de Mme Nussbaum (que je n'avais pas lue quand j'ai écrit L'Avenir des langues anciennes) confirment le coeur de mon argumentation, en particulier son insistance sur l'éducation des émotions (pour la survie même des sociétés démocratiques). Cette éducation est précisément la tâche à part entière (on peut même dire "l'utilité" irremplaçable) des humanités et des arts. C'est un point que Pierre Judet de La Combe et Heinz Wismann néglige presque totalement dans leur réflexion (par ailleurs très intéressante), du fait de leur propre "tempérament intellectuel" et de leur psychologie, comme nous avons tenté de l'expliquer.
= > Deux comptes-rendus critiques de L’Avenir des langues anciennes, qui ne partagent pas tous mes arguments. Le premier de la part du sociologue Philippe Cibois, sur son blog La Question du latin :
http://enseignement-latin.hypotheses.org/3346
Le second de la part d’Estelle Manceau, sur le site web de l’association Sauver Les Lettres :
http://www.sauv.net/rimbault.php
L'éloge et la critique me comblent autant. Car ce vieux débat qui surgit à la Renaissance (sur la question de savoir si le latin est une langue morte ou vivante) est un colloquium moderne qu'il ne tient qu'à nous de transformer en convivium !
Olivier Rimbault, août 2012