Imago superna : monumentum in Latinitatis honorem in "Parc Beaumont" horto Palensi erectum. Inscriptio Latina praetereunti dicit: "Latine loquere ut civis terrarum habeare". Defuncti Antonini Immé mentionem facit.

Ci-dessus : monument en hommage à la Latinitas dans le jardin du Parc Beaumont à Pau (Pyrénées-Atlantiques). L'inscription latine dit au passant : "Parle latin pour être considéré comme un citoyen du monde". Elle fait mention du défunt Antonino Immé.

DE CLAUDII FIEVET PRINCIPIIS DIDACTICIS ET METHODO

(Documenta a Cl. Fiévet magistro ipso tradita)

- Documents transmis par le professeur Fiévet lui-même -


J’ignorais le travail déjà bien abouti de l’universitaire Claude Fiévet, à l'époque où j’ai découvert qu’on pouvait enseigner le latin en latin. Dans un courriel du 8 septembre 2010, Claude Fiévet répondit ainsi à mes deux questions sur l’historique et les sources d’inspiration de sa méthode, qu'il appelle "audio-orale" :

« 1. Je ne peux plus me souvenir précisément de toutes les dates où j'ai été appelé à intervenir à la demande des associations d'enseignants ; je peux vous donner les années et les lieux dans l'ordre chronologique: Chantilly (1989), Lille (1991). Colloques auxquels j'ai été invité à présenter ma méthode: U. de Toulouse (1985) : Apprendre à comprendre), Université de Liège (1986), Procida, Vivarium novum (1991), l'Arbresle (2003), Université de Szeged (Hongrie) en 2008. J'ai organisé chaque année à Pau des séminaires de didactique du latin pour les enseignants de l'Académie de Bordeaux, la plupart bordelais, de 1986 à 1994. Les collègues étaient sauf rarissimes exceptions enthousiasmés par la méthode, surtout par la vision du latin comme système associée solidairement à la pratique orale, ils demandaient à revenir. "Nous sommes convaincus, mais le plus dur c'est d'oser franchir le pas".

2. J'ai commencé à me lancer dans une méthode orale, après quelques essais à Pointe à Pitre alors succursale de Bordeaux, à mon arrivée à l'Université de Pau. J'avais d'abord conçu une méthode où se succédaient des énoncés latins et leur traduction, avec manipulations diverses et notamment des exercices en laboratoire de langue; c'était la mode. La méthode actuelle, sans traduction, a été élaborée à partir des années 1990 : elle diffère de l'ancienne essentiellement par une approche beaucoup plus neuve des faits de langue. Mes sources d'inspiration, outre le constat qu'en langue vivante les méthodes étaient de loin plus efficaces et j'avais l'occasion d'en débattre avec des collègues de LV : les ouvrages de Peckett et Munday, inspirés eux-mêmes par Rouse, les travaux de Waldo Sweet aux USA, et la lecture de linguistes d'obédience structuraliste qui m'ont conduit à décrire la langue autrement. j'ai été très marqué par la lecture des Eléments de Linguistique Structurale de Tesnière, bien qu'il fût peu à la mode à cette époque. Vous trouverez mes sources d'inspiration dans les notes de l'article Apprendre à Comprendre. »    


= > « Qvemadmodvm  vsvs sermonis latini in schola viam ad legendvm planiorem brevioremque aperire possit », Oratio Prochytae (anno 1991) habita a Clavdio Fievet, ex Vniversitate Palensi - Conférence en latin tenue par l’auteur lors du colloque organisé à Procida-Vivara (Naples) par Luigi Miraglia, du 15 au 25 oct. 1991. Ce colloque marquait la fondation par ce dernier de son Institut Vivarium Novum, où les humanités classiques sont enseignées en latin et en grec.  

= > « Quemadmodum grammatica Latina in locutiones cotidianas infundi possit » - Liste de phrases latines (2 pages A4) utilisables par l’enseignant dans la classe et représentant un très large éventail des constructions syntaxiques du latin (document donné en 2003 lors du colloque de l’Arbresle).  

= > « Quelques commentaires sur l’utilisation orale du latin » (conseils d’utilisation de la liste précédente : bon exemple concret et argumenté de la méthode audio-orale).  

= > « Apprendre à comprendre. Réflexions pour une pédagogie nouvelle des langues anciennes », Actualité de l’Antiquité, Paris (Editions du CNRS), 1989, p. 203-216.  

= > « Comment conjuguer l’explicite et l’opératoire : de la pratique orale au latin littéraire » (article postérieur à 2004, ajoutant quelques corrections et commentaires théoriques à l’article précédent, « Apprendre à comprendre »).  

= > Remarques sur le manuel. 

Une nouvelle édition de ce manuel (ou plutôt des trois manuels : niveaux 1, 2 et 3) est prévue par l'Université de Pau. Nous en donnerons les références dès qu'elle sera disponible.


Une ancienne étudiante de Claude Fiévet, aujourd’hui agrégée de grammaire, Julie Gallego, a pris la succession, avec Maylis Morel, de son ancien professeur à l’Université de Pau dans l’utilisation de son manuel et l’exploitation de ses principes. Comme Claude Fiévet à l’Arbresle en 2004, Julie Gallego fut invitée à les présenter lors du colloque organisé par le Ministère de l’Education Nationale à Paris, les 31 janvier et 1er février 2012, « Rencontres Langues anciennes, Mondes modernes. Refonder l’enseignement du latin et du grec ». On trouvera un enregistrement audio de sa conférence, « Enseigner le latin autrement : la méthode audio-orale », dans la page web ci-dessous :

http://eduscol.education.fr/cid58407/rencontres-langues-anciennes-et-mondes-modernes.html

Nous renvoyons aussi aux pages du site internet de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour consacrées au département de Lettres, pour le suivi de son travail : http://dep-lettres.univ-pau.fr/live/ (On trouvera en bas à droite de cette page un lien vers la présentation de la méthode aux futurs étudiants, avec un fichier audio représentatif du latin bien accentué que l’on peut parler en classe).


Une "anecdote", pour finir : Palum (Pau) serait-elle la capitale gauloise du « latin vivant » ? C’est là en effet que Genovefa (Geneviève) Immé-Métais, une enseignante du secondaire, a vécu avec son second mari, Antonino Immé († 1988), un Italien avec lequel elle ne put ou ne voulut jamais échanger qu’en latin. Elle a publié diverses traductions d’œuvres modernes dans la même langue, les recueils de ses propres vers latins, un petit manuel, et le petit journal M.A.S. (« Memento Audere Semper ») entièrement rédigé en latin : jusqu'en 2011, il diffusa gratuitement des contributions d’élèves et de maîtres du monde entier (cf. Ijsewijn (Jozef), Companion to Neo-Latin Studies, Part I, Louvain, Leuven University Press, 1990, p. 31 et p. 48). Elle contribua aussi à la rédaction du Lexicon Recentis Latinitatis (Libraria Editoria Vaticana ed. in Urbe Vaticana, a. MMIII).